Axonométrie générale
Le pentagone une vitrine du coeur de Lille
Plan masse des places Cormontaigne et Leclerc
Coupe transversale
Détails mobilier - Bancs
Détail - Kiosque
Détail mobiliers - Portiques
Strate arborée
Strate arbustive
Strate basse
LieuLille 59000
Date2022
Surface17 400 m²
Coût global4 716000 €
MOA
  • Ville de Lille
  • Métropole Européenne de Lille
Équipe
  • Emma Blanc Paysage - Mandataire
  • Tandem+, Architecte
  • OGI Nord, BET VRD
  • 8'18'', Concepteur lumière
  • ETC Mobilité, BET circulation
Programme

Mission de maîtrise d’œuvre pour la requalification de la place du Maréchal Leclerc à Lille

Mots-Clés
  • Parc
  • Topographie
  • Kiosque
  • Mobiliers
Catégories
  • Espace public
  • Culture et equipements
Etat de l'existant, le sol est dédié à la voirie

Un projet à trois échelle

L’un des enjeux de ce réaménagement est bien de réussir à combiner la nature du lieu, sa destination future, les temporalités et les vitesses, dont nous comprenons l’absolue nécessité de les faire coïncider pour créer ce nouvel espace dans Lille, capable d’accueillir les usages du quotidien comme de l’exceptionnel. Que ce soit à l’échelle de la ville, des axes, ou de l’arbre, La place du Maréchal Leclerc doit devenir une nouvelle destination, permettre tout à la fois de s’extraire du tumulte de la ville, exemplifier la puissance du végétal, évoquer son lointain passé d’ancienne plaine inondable, proposer des liens entre l’homme et la « nature » … Pour toutes ces raisons et pour d’autres encore, elle ne peut pas disparaitre au bénéfice d’un lieu trop « banal ».

Le pentagone une vitrine du coeur de Lille

Une vitrine à l'échelle de la ville

Dans la continuité de la création du Parc Jean-Baptiste Lebas ou de la réfection du square Rameau, ce réaménagement s’inscrit tout d’abord dans une pensée urbaine et politique de ré-enchantement des espaces publics du pentagone des boulevard. Nous souscrivons à l’ambition portée sur ces grandes artères en leur qualité de « vitrine » de la ville. Leur composition architecturale et végétale sobre et élégante, forme un tout cohérant et structuré qui au-delà du caractère patrimonial constitue une respiration urbaine majeure. Le pentagone est un véritable corridor arboré au sein des espaces publics lillois dont la minéralité est forte. Pour répondre aux aspirations contemporaines de « confort urbain », il doit continuer sa mue en un lieu métropolitain, étonnant et nouveau, au service du rayonnement de la ville.

Une centralité de quartier

Cette place par ses dimensions aura un rôle majeur de centralité verte, joyeuse et poétique à l’échelle de son quartier Vauban-Esquermes qui n’en possède pas vraiment. En complément de son positionnement à l’échelle de la ville, elle porte l’ambition d’être également un espace de proximité ; un lieu de rassemblement pour une mosaïque culturelle en attente de nouveaux usages urbains du quotidien.

Un lieu innovant et unique

Ce qui nous a frappé en découvrant la première fois la place du Maréchal Leclerc, c’est la puissance de ses platanes taillés dont l’échelle tout à fait exceptionnelle en est « presque » écrasante. Les 86 Platanus x acerifolia possèdent l’espace et plus particulièrement le ciel !
En parcourant plusieurs fois le site, nous avons constaté qu’au-delà d’une apparente monotonie des houppiers, se jouait au sol une tout autre histoire : une belle diversité. Et c’est à partir de l’observation du travail des racines sur le sol que le récit de notre projet commence. Nous avons pour ce site une très grande ambition qui dépasse celle d’un aménagement d’espace public conventionnel ou déjà-vu - cohérent avec le site. La place du Maréchal Leclerc possède un discret désordre qui provient de la mosaïque d’individus qui la peuplent. Du visible à l’invisible, ces arbres et leurs arborescences souterraines, nous semblent être la matière première indispensable pour créer un jardin différent et exemplaire avec l’opportunité de réinventer notre regard sur le « vivant ».

L'entrée du square

Hiérarchiser, fluidifier et sécuriser

En préalable de ce travail paysager, poétique et spatial, s’impose un travail rigoureux sur les flux. Ces trois injonctions : ‘hiérarchiser, fluidifier et sécuriser ‘ sont un préalable nécessaire pour libérer le sol et retrouver un espace « capable ».
La réduction significative de l’emprise des voiries et du stationnement permet une plus grande fluidité et renforce la sécurisation des parcours piétons et cycles sur l’ensemble de la place. Le projet a donc été conçu dans le but de favoriser les trajets des piétons et des vélos sans pénaliser les bus et dans une vision élargie et cohérente du boulevard Bigo Danel et de la place Cormontaigne. Le schéma d’un grand anneau périphérique actif est intéressant car il rend possible la fabrication d’un cœur de site apaisé le plus vaste possible.
Ce principe de circulation permet de valoriser notre volonté d’instaurer une hiérarchie très lisible et très claire entre les différents flux et vitesses. Le trottoir aux pieds des façades est repris pour être confortable (mise aux normes PMR). A partir de sa bordure s’opère une gradation des flux, des plus rapides (bus et voitures) aux plus lents (vélo et piéton). Et symétriquement jusqu’à la façade opposée.

Un nouveau sol vivant

Reprendre le sol de la place et le re-niveler entièrement pour qu’il puisse répondre à plus de fraicheur, aux désirs de plus d’usages mais aussi et surtout aux règlementations d’accessibilité… doit avoir comme objectif de satisfaire aux ambitions de la valorisation du patrimoine paysager et arboré. Qui plus est, tenter d’aller contre le travail des racines en refaisant un sol lisse, au cordeau, nous exposerait à proposer un projet paysager « générique » et décontextualisé qui nécessiterait de toutes les manières d’autres reprises dans un temps assez court : engageant la ville dans de nouvelles dépenses.
Notre propos est donc bien de faire du sol l’évènement significatif et identitaire de ce nouveau square (ou place-jardin) tout en donnant plus de confort à chaque platane. L’observation et le relevé précis de l’existant sont une source d’inspiration. Ils nous ont conduit à travailler d’une manière tout à fait innovante « avec » et « à partir » du travail des racines.
En accompagnant les mouvements déjà-là et en caractérisant finement chaque pied d’arbre, nous avons imaginé une micro-géographie de creux et de bosses.
Cette nouvelle topographie locale et contextuelle, ludique et gaie, est également propice à la compréhension du vivant et à l’amusement. Convaincus qu’il ne sert à rien de surdéterminer l’espace pour créer les bonnes conditions de son appropriation, nous avons toutefois à cœur de recueillir le sentiment des habitants sur ce nouveau sol et proposons une série de mobilier-signal de grandes dimensions en lien avec les ambitions du projet :
Assises poreuses pour les adultes et les enfants, lovées dans les courbes de niveaux, transats dans les pentes, nids (ou vigies) pour observer la ville et les arbres, filets pour avoir l’impression de grimper aux arbres… etc

La place de la nature en ville

Partager l'espace avec le vivant

Un espace : pacifié, confortable et beau sont les objectifs que nous plaçons au centre de nos préoccupations.
Souvent rêvée, parfois fantasmée, la « nature en ville » renvoie ici plus qu’ailleurs, à une complexité opératoire et conceptuelle. Elle participe à lutter contre les îlots de chaleur, améliore la qualité de l’air, permet d’ouvrir les sols et gérer les eaux pluviales. Elle offre des espaces de « décompression » et de sociabilité indispensables à l’équilibre de chacun. Si la présence des arbres satisfait aux premiers besoins d’un couvert ombragé, elle nous semble limitative. Nous la pensons dans une vision extensive, fondée sur une cohabitation respectueuse de la ville, (son organisation, ainsi que ses habitants) avec une nature véritablement foisonnante et épanouie. Les usages et la place de la nature en ville ne sont pas opposés, et sont des thèmes que nous aimons travailler conjointement en restant vigilants sur l’enjeu de la liaison écologique qui consiste à ne pas se substituer les uns aux autres, mais à réussir l’alliance des usages humains et biologiques pour transformer un « système urbain » dur en un « écosystème urbain » réintroduisant diversité et qualité de vie(s).

Aux deux extrémités du square, deux kiosques animent leurs placettes respectives

Un gradient de porosité

Du centre vers les façades, le projet se compose d’un cœur de site, d’une lisière, d’un cerne, de voiries et de trottoirs qui s’enchainent en dégradé d’usages et de bruit du sol le plus minéral au sol le plus poreux.
Le CŒUR DE SITE est une vaste prairie ouverte. C’est un espace dévolu plutôt à la pause, à la découverte, au jeu. Les micros-reliefs qui la composent ne dépassent pas le mètre de haut pour être facilement accessibles et pour maintenir la vue sur la perspective des boulevards. De pleine lumière, elle est le support potentiel de nombreux usages de détente et loisirs (pique-nique, balançoires, jeux d’eau, assises simples ou transats…). A l’ombre des platanes, de larges chemins nord-sud permettent une déambulation facile du nord au sud. Sur ces allées principales se brochent des passages secondaires favorisant les traversées est ouest. A la limite périphérique du square - LA LISIERE - est constituée de grandes vivaces et d’herbacées de sous-bois et ponctuée d’arbustes. Son volume est choisi pour laisser passer le regard tout en mettant à distance du cœur de site et favoriser le sentiment d’intimité. De couleur changeante au fil des saisons, elle matifie le son de la ville et contraste avec le dispositif vertical des platanes. Au-delà du sol vivant, un CERNE d’environ 4m de large, accueille un trottoir et une piste cyclable unidirectionnelle très confortables. Il se dilate aux extrémités Nord et Sud en deux nouveaux espaces : deux antichambres ouvertes sur la ville. Sur chacun de ces nouveaux espaces piétonnisés, nous proposons d’implanter des kiosques. Ces petites architectures qu’il conviendra de programmer finement, sont intégrées dans notre offre. Nous les imaginons comme des « folies » qui apportent des services indispensables au séjour prolongé dans l’espace du jardin (toilettes, station de gonflage pour les vélos, buvette, maison de la place…etc.). Leur emprise au sol inspirée par le dessin du pentagone des boulevards les identifie à celui-ci. Elles sont pensées comme des architectures légères et décarbonées, déclinables à l’envie en d’autres lieux du Pentagone. Elles sont évolutives. Sur ces parvis actifs, des massifs arbustifs gèrent les eaux de ruissellement et sont complétés par une plantation d’arbres en cépées.

La brume et les flaques pour révéler le passé hydraulique du site

Brume et flaques : La place de l'eau

L’eau est un marqueur de ce site. Cet ancien marais, devenu plaine inondable défensive puis place publique, a une histoire qui le lie à l’eau contenue dans son sol : de l’inondation (naturelle ou gérée) à la canalisation jusqu’à l’assèchement. L’ancienne plaine parcourue par l’Arbonnoise était drainée par des fossés que nous souhaitons révéler. Ce nouveau square est un lieu « fréquentable » et surtout « à fréquenter » spécifiquement les jours de pluie. La topographie que nous avons créée dans le projet propose au public une mise en scène de l’eau par la submersion temporaire et ponctuelle du sol. Sur les chemins de traverses, orientés est-ouest (comme les anciens fossés), des points bas sont volontairement aménagés pour rendre possible la formation des flaques. Au grès des précipitations, les petites dépressions que nous créons, participent de notre intention de rendre vivant et attractif ce site notamment lorsqu’il pleut. En complément des flaques formées en hiver, nous installons de petits nuages de brume poétiques (au printemps et en été) qui prendront le relai pour continuer de faire varier ce paysage et rafraichir l’air.

Un square bas-carbone exemplaire

Le pentagone des boulevards est une ressource existante considérable qu’il nous faut, non seulement valoriser, mais aussi mettre en réseau et faire croitre. Convaincus qu’une économie de moyens est nécessaire et possible sur chaque projet, nous développeront ici même, une approche intégrant la question du réemploi, sans perdre de vue la dimension esthétique.
La question d’un aménagement « RESILIENT » devient celle d’une systémique des réciprocités de services. La finalité est plurielle : plaisir urbain, économies, services urbains, maitrise des coûts de maintenance…
La ville de Lille est depuis longtemps engagée sur le développement d’une « ville durable ». Notre équipe et le projet que nous vous proposons pour le square Leclerc s’inscrivent pleinement dans cette démarche et satisfera à minima aux exigences
« Socle » des thématiques prioritaires. Sans pouvoir évoquer ici dans le détail les choses, nous avons par exemple pris attache auprès des carrières locales de la vallée heureuse, pour le choix d’une matière de sol locale et peu carbonée.
En 2004, Lille devenait Capitale Européenne de la Culture : cet évènement a changé la ville et la région durablement. Le futur Square du Maréchal Leclerc et de la place Cormontaigne, autour de l’arbre et du sol, s’inscrira nous le pensons dans ce dynamisme culturel comme un lieu de savoir : une destination reliant Nature et Culture.

Dans le chapelet de parcs ou des petits jardins du Pentagone, la nouvelle place du Maréchal-Leclerc fait figure de lieu d’exception, exemplaire en tant que square urbain vertueux se définissant par un sol qui n’existe pas encore à Lille.

Une place connectée au réseau de mobilité de Lille
Les plaines inondable de Lille servait au dispositif de défense Vauban
Vue aérienne de l'existant