Lieu | Paris |
Date | 2022 |
Surface | 3226 m² |
Coût global | 3 000 000€ |
MOA | Ville de Paris |
Équipe |
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Programme | Jardin mémoriel dédié aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 - concours classé second |
Mots-Clés |
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Catégories |
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Crédits | Perspectives réalisées par Jeudi Wang |
L’idée d’un jardin propice au recueillement peut sembler opposée à la vocation d’un espace public, urbain, ouvert, en mouvement et bruyant. Et c’est bien l’un des enjeux du projet que de trouver une combinatoire entre la destination des lieux, leurs spatialisations, leurs temporalités et leurs vitesses dont nous comprenons l’absolue nécessité de les faire coïncider pour créer ce nouvel espace dans Paris, capable d’accueillir le quotidien comme l’exceptionnel.
Notre attitude face à la puissance de l’architecture qui enveloppe la place Saint-Gervais a consisté à donner au projet les conditions d’une intimité nécessaire en créant « une place dans la place ».
L'orme situé au centre de la place est un patrimoine indissociable de cette place et de l'église qui lui fait face. la clairière l'entoure pour le mettre en valeur et le faire participer à ce lieu de mémoire.
La clairière mémorielle créée, est ce lieu paisible, propice à la commémoration. Point de départ de notre démarche, cette placette est un cercle parfait, ouvert sur le ciel.
Tout d’abord parce que cette notion nous plait, dans ce qu’elle véhicule de positif : clarté, lumière, sérénité. D’un point de vue sensoriel, c'est un endroit que l’on découvre, une intériorité ouverte vers le ciel et la lumière.
Cette clairière est délimitée par le souvenir des personnes décédées représentées par les 131 « Sotobas » disposés sur son pourtour. Ces verticales se dispersent dans la ville, à l'image des innombrables victimes de ces attentas.
Entre la ville et la clairière mémorielle, dans une transition tout à la fois d’usages et de vue, se trouve le jardin. Véritable seuil, le jardin d’herbacées ponctué d’arbustes est une épaisseur vivante et changeante, poétique, qui matifie le son de la ville et contraste avec le dispositif dressé des "Sotobas". Ce jardin est le plus vaste possible, espace de transition et de mise à distance, il participe à l'intériorité que l'on ressent à l'intérieur de la clairière en créant un masque végétal qui double le masque minéral des "Sotobas".
Les "Sotobas" sont les support de l'anamorphose de Georges Rousse qui prend le relai pour investir le champ du commun.
La puissance de l’œuvre résulte de la collision entre son apparition dans le point perspectif choisi et l’abstraction. Sa réalisation dans l’espace synthétise d’une manière parfaite la symbolique de ce nouveau lieu mémoriel dans lequel il est question de l’unité comme de la diversité.
Symboliquement, les fractions de l'anamorphoses perceptibles dans l’espace, toutes différentes et éclatées sur les verticales des Sotobas, représentent la pluralité et la différence. Leur assemblage, en un point de vue choisi, est une composition savante, géométrique et perspective dans laquelle l’Unité trouve tout son sens.
Autrement dit, l’œuvre permet de passer de l’individualité (les victimes) au collectif (la société) et inversement.
Visible d’un point de vue unique, elle laissera apparaitre le mot : « MEMORIA ».
Le travail du sol et les continuités douces de la topographie accessibles à tous et toutes, la sobriété des matières et l’homogénéité du mobilier urbain permettent d’assurer la couture entre le projet et la ville de Paris.